Les origines de Noël

Pour comprendre les origines des fêtes de Noël, il faut remonter jusque dans l’Antiquité.

La fin du mois de décembre a été pour de nombreuses cultures et civilisations une période marquée par des festivités telles que les Saturnales, la fête des Sigillaires, le Mithragan ou encore les célébrations liées au solstice d’hiver. Toutes ces fêtes avaient généralement lieu des alentours du 22 décembre au 6 janvier.

Les Saturnales

Les saturnales célèbrent le solstice d’hiver et le dieu Saturne. Elles se déroulaient généralement du 17 au 24 décembre.

Dans la mythologie romaine, Saturne est le fils d’Uranus, le ciel, et de Vesta, la Terre. Chassé par son fils Jupiter et réduit à la condition de mortel, il se réfugie en Italie, dans le Latium où il rencontre Janus, le dieu à double visage, celui des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. Janus va créer les Saturnales pour commémorer le règne de Saturne, qui est aussi appelé l’âge d’or.

L’âge d’or est un éternel printemps durant lequel aucun homme n’était au service d’un autre et personne ne possédait rien en propre. Ovide décrit ainsi l’âge d’or dans ses Métamorphoses : « En l’absence de tout justicier, spontanément, sans loi, la bonne foi et l’honnêteté y étaient pratiquées ». Hésiode, quant à lui, décrit dans Les travaux et les Jours, publié dans le courant du VIIIe siècle, ce temps béni comme celui où les hommes « vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarrets toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Ils mourraient comme en s’abandonnant au sommeil ». Les Saturnales célèbrent donc cet âge d’or en tentant de représenter l’égalité qui régnait parmi les hommes au temps mythologique de Saturne. Les esclaves étaient autorisés à parler librement, il n’était permis d’entreprendre aucune guerre, les travaux étaient suspendus et la population toute entière n’était occupée qu’à envoyer des présents et organiser de somptueux banquets. 

C’est au IIIe siècle que les choses commencent à changer…

Sol Invictus

En 274, l’empereur Aurélien instaure le culte de Sol Invictus. Ré-unificateur de l’Empire, Aurélien se trouve rapidement devant la nécessité d’unifier les cultes des différentes provinces et Sol Invictus, le Soleil invaincu, devient le patron de l’Empire romain, un immense territoire partagé en trois grandes entités : l’Empire des Gaules, l’Empire Romain et l’Empire de Palmyre. Aurélien veut choisir un culte suffisamment neutre et universel pour parler à toutes les populations, de la Bretagne au Moyen-Orient. Il opte pour une figure solaire, celle du Sol Invictus, qui va peu à peu se substituer au culte impérial. Cette nouvelle religion va s’adresser en priorité aux militaires qui battent le pavé dans tout l’Empire. Pour clore les Saturnales, l’empereur fait du 25 décembre, jour du solstice d’hiver, le jour du Die Natalis Solis Invicti, c’est-à-dire le jour de la naissance de Sol Invictus. En 321, l’empereur Constantin Ier, le premier empereur romain chrétien, proclamera le dimanche jour de repos en hommage au Sol Invictus. Comme vous le savez, le dimanche deviendra par la suite « le jour du seigneur ».

Mithra

Le culte de Sol Invictus se superpose à celui de Mithra, un dieu indo-iranien dont le culte naît dans la Perse du IIe millénaire av. JC. C’est le premier culte monothéiste de l’Histoire, 1.500 ans avant les débuts du christianisme. Le dieu Mithra naît d’une pierre près d’une source sacrée et porte dès sa naissance un bonnet phrygien, une torche et un couteau. Il boit l’eau de la source sacrée, utilise son couteau pour couper le fruit de l’arbre sacré et se confectionne des vêtements avec ses feuilles. Un jour, il rencontre un taureau, le saisit par les cornes et le monte. Le taureau le traîne jusqu’à épuisement. Mithra l’attache alors par les pattes arrières, le charge sur ses épaules et le ramène jusqu’à sa grotte. Un corbeau envoyé par le Soleil lui annonce alors qu’il devra faire un sacrifice et le dieu tue le taureau. De sa colonne vertébrale sort du blé et de son sang coule du vin. Des restes de l’animal naîtront tous les êtres peuplant la Terre. Une des images centrales du culte de Mithra est le sacrifice de ce taureau, que l’on appelle la Tauroctonie et qui symbolise la libération de l’énergie de la Nature.

Le Mithraïsme

Le mithraïsme est un culte à mystères, c’est-à-dire que le fidèle doit subir une initiation pour être pleinement accepté parmi les fidèles, dont les femmes semblent avoir été exclues. Le culte se transmet oralement et ne repose pas sur des écritures sacrées.

L’initiation consistait en une série d’épreuves qui s’achevaient par un baptême, non pas avec de l’eau mais par aspersion de sang de taureau. La participation à ces mystères garantit l’immortalité. Chaque fidèle a un grade. Ils sont au nombre de 7 : le corbeau, le jeune marié, qui porte un diadème et la lampe de Vénus, le soldat portant couronne et épée, le lion qui a pour attributs la pelle pour porter le feu, le sistre et la foudre de Jupiter et qui présente à Mithra les offrandes pour les sacrifices, le perse qui porte une épée courbe, un croissant de lune et une étoile, l’héliodrome ou émissaire du soleil qui a une torche et un fouet pour guider l’attelage du char solaire et enfin, le dernier grade, le plus élevé, celui du père, portant un bonnet phrygien, une faucille, un bâton de commandement et un anneau.

Les fidèles se réunissaient dans des temples appelés Mithraeum installés dans des grottes naturelles ou dans des constructions les imitant. Le temple est constitué de trois parties : une antichambre, une grande salle rectangulaire aménagée pour les repas sacrés et enfin le sanctuaire, au fond de la grotte, avec l’autel et l’image de Mithra donnant la mort au taureau. Le sacrifice d’un taureau pouvait avoir lieu lors du changement de niveau d’un adepte.Les rituels étaient prononcés en grec avec quelques formules en persan. Le latin n’arrivera que tardivement, lorsque le culte de Mithra se répandra dans l’Empire romain.

Une question de calendrier

Simultanément au mithraïsme, le christianisme se répand dans l’Empire Romain. L’aire de diffusion du christianisme se superpose à l’ancien culte polythéiste romain. Dans toutes les région touchées par cette nouvelle religion, le culte de Mithra était déjà implanté. Afin d’imposer cette nouvelle religion, les chrétiens calqueront leur calendrier sur celui des fêtes païennes.

Ainsi, en 354, le pape Libère décide de faire coïncider la célébration de la naissance de Jésus avec l’antique solstice d’hiver et la célébration du Sol Invictus.

Robert Campin, La Nativité, vers 1420

Robert Campin, La Nativité, vers 1420

Au XIIe siècle, Jacob Bar-Salibi, évêque syrien, disait que « C’était la coutume des païens que de célébrer le 25 décembre l’anniversaire du Soleil, au cours duquel ils allumaient des lumières en signe de festivité. Dans ces solennités et les excès de table, les chrétiens ont également pris part. Par conséquent, lorsque les docteurs de l’Eglise perçurent que les chrétiens avaient un penchant pour cette fête, ils tinrent conseil et résolurent que la vraie Nativité devait être célébrée ce jour-là ».

Cette date ne fit d’ailleurs pas l’unanimité. Dans le calendrier grégorien, la Nativité est le 6 janvier. C’est à cette date qu’elle est encore fêtée de nos jours chez les chrétiens orthodoxes.

Quelques décennies après le choix du 25 décembre par Libère, Théodose Ier, le dernier empereur à régner sur un Empire Romain unifié, publie le 27 février 380 l’Edit de Thessalonique officialisant le culte catholique et interdisant tous les cultes païens. Cet édit stipule que tous les peuples régis par l’empereur de Rome devront s’engager « dans cette religion que le divin Pierre apôtre a donné aux romains, (…) c’est-à-dire que, en accord avec la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous croyons en l’unique Divinité du Père et du Fils et du Sain-Esprit, dans une égale Majesté et une pieuse Trinité ». Il ajoute : « Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi prennent le nom de Chrétiens Catholiques et que les autres, que nous jugeons déments et insensés, assument l’infamie de leur hérésie ». Toutes les œuvres et manifestations jugées païennes sont progressivement interdites suite à la publication de cet édit de Thessalonique.

Le Noël chrétien

Il faudra attendre pour que Noël devienne une des fêtes principales de la religion chrétienne. Pendant longtemps, Pâques et Pentecôte étaient les seules célébrations de l’année. C’est Théodose II qui codifiera officiellement les cérémonies des fêtes de Noël en 425. Plusieurs siècles seront nécessaires avant que les messes commémoratives de la naissance du Christ se répandent à travers l’Europe : au VIIe siècle en Angleterre, VIIIe en Allemagne, IXe dans les pays scandinaves et Xe siècle dans les pays slaves. Il faudra attendre le XIIe siècle pour que Noël devienne la fête que l’on connaît aujourd’hui.


Extrait de la conférence « Les origines de Noël »


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