Après plus d’une dizaine d’années de rébellion, une révolte populaire éclate à Marseille contre le pouvoir royal en 1658. Cette fois, Louis XIV n’entend pas laisser la situation impunie et souhaite affirmer sa puissance face à ce sursaut d’indépendance. En 1660, il passe par la Provence et envoie près de 6 000 hommes pour occuper (et soumettre) la ville avant son arrivée.
Une punition exemplaire
Dans un premier temps, les habitants sont désarmés et les canons retirés des remparts. Le conseil de ville est suspendu et Marseille est placée sous le contrôle direct de l’autorité royale, notamment pour éloigner les membres de la noblesse locale de la gestion de la ville.
Enfin, un nouvel impôt est levé pour finir de soumettre la cité rebelle.
Au début du mois de mars 1660, une brèche est ouverte dans les remparts de la ville pour laisser entrer le Roi, triomphant. Entrée quelque peu agressive… mais efficace !
Le fort Saint Nicolas
Louis XIV décide de doter Marseille, premier port de France, de deux citadelles « pour la sûreté des grands et du peuple », « de peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns perdît enfin la ville et le royaume, ou par la fougue des plus hardis ou par une trop grande passion de la liberté ». Pour cette mission, il nomme Nicolas de Clerville (1610-1677), ingénieur des fortifications à qui l’on doit notamment le Canal du Midi.
La première pierre du fort Saint Nicolas est posée le 11 février 1660. Son emplacement permettra à la fois de surveiller la ville et la mer. Les travaux sont dirigés par deux ingénieurs, Desjardins et Castillon. En quatre ans seulement, ils feront sortir de terre un Haut Fort à 4 bastions et un Bas Fort le reliant à la mer. 15 ans plus tard, Vauban, de passage à Marseille écrira qu’il a visité la citadelle de Marseille, « un assemblage fort magnifique de tout ce qui a jamais passé d’extravagant et de ridicule par la tête des plus méchants ingénieurs du monde ».
Au moment de la Révolution, le fort fut partiellement détruit. En 1833, certaines parties détruites furent remontées. En 1860-62, le percement d’une route (boulevard Charles Livon) éventre littéralement le fort, le coupant en deux.
Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le fort Saint Nicolas servit de prison. Y furent notamment détenus Jean Giono en 1939 ou encore Jean Zay en 1940.
Les transformations de la ville
Dans les années qui suivent la construction du fort Saint Nicolas, le visage de Marseille va radicalement changer. Louis XIV installe l’Arsenal des Galères au port et décide de faire agrandir la ville où les habitants sont de plus en plus à l’étroit.
C’est à cette époque que vont être ouverts le Cours (Belsunce) mais aussi l’hospice de la Charité.
En 1694, une nouvelle enceinte est construite tout autour de Marseille. La surface de la ville intra muros est alors multipliée par trois, passant de 70 à 195 hectares !
Pour en savoir plus
Raoul Busquet, Histoire de Marseille, 1977
Béatrice Hénin, « L’agrandissement de Marseille (1666-1690) : un compromis entre les aspirations monarchiques et les habitudes locales », Annales du Midi, n°98-173, 1986, pp. 7-22
Anne Blanchard, « Louis Nicolas de Clerville » dans Vauban et ses successeurs dans les ports du Ponant et du Levant, 2000
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J’ai appris beaucoup de choses en lisant ces quelques lignes. La ville de Marseille montre un contexte particulier, bien différent de celui de Lyon à cette époque du XVIIe. A Marseille, c’est le roi qui décide de l’urbanisme.
C’est vrai, l’histoire de Marseille au XVIIe siècle est complètement à part, c’est aussi ce qui fait sa richesse !