Une formation obligatoire pour les jeunes chercheurs
Depuis 2016, les doctorants de toutes disciplines sont soumis à une formation obligatoire en éthique de la recherche et intégrité scientifique. Les universités ont donc mis en place des formules, en présentiel ou en ligne pour permettre aux étudiants de répondre à cette nouvelle modalité.
Bien que n’étant plus une jeune chercheuse, j’ai suivi les deux formations obligatoires d’éthique de la recherche et d’intégrité scientifique par le biais de Mooc proposés par les universités de Bordeaux et de Lyon. Il est essentiel que nombre de chercheurs confirmés se questionnent sur la manière dont ils exercent leur métier. Peu importent l’âge et l’expérience, se rappeler les bonnes pratiques ne peut nuire à personne…
Qu’est-ce que l’intégrité scientifique ?
Au-delà de la mise en place de cette formation, c’est un domaine dans lequel les choses bougent depuis plusieurs années, pour le plus grand bien de tous, chercheurs, institutions, lecteurs.
Les différents guides, chartes ou codes de conduite rappellent à chacun que le chercheur doit tout d’abord respecter les valeurs essentielles à son activité professionnelle :
Le code de conduite européen pour l’intégrité en recherche souligne leur portée fondamentale :
- La fiabilité dans la conception, la méthodologie, l’analyse et l’utilisation des ressources.
- L’honnêteté dans l’élaboration, la réalisation, l’évaluation et la diffusion de la recherche, d’une manière transparente, juste, complète et objective.
- Le respect envers les collègues, les participants à la recherche, la société, les écosystèmes, l’héritage culturel et l’environnement.
- La responsabilité pour les activités de recherche, de l’idée à la publication, leur gestion et leur organisation, pour la formation, la supervision et le mentorat, et pour les implications plus générales de la recherche.
Source : https://www.hceres.fr/fr/propos-de-lintegrite-scientifique
En parallèle, on voit un renforcement de la lutte contre les manquements à l’intégrité scientifique, c’est-à-dire la falsification des données, des résultats, le plagiat ou encore les pratiques douteuses dans le cadre de la recherche.
Et en Histoire ?
Étudier l’Histoire, c’est aussi avant tout étudier l’histoire d’hommes et de femmes. Il s’agit, surtout lorsque l’on aborde des périodes proches de nous, de prendre en compte le droit à la vie privée, et cela relève de l’éthique. On n’y pense pas systématiquement mais l’Histoire est une discipline qui soulève des questions d’éthique et d’intégrité au même titre que les sciences dites « dures ».
La science historique étudie des faits grâce à différentes sources : archives, témoignages, vestiges, monuments, etc. Le rôle de l’historien est de recouper les informations qui sont à sa disposition pour restituer le déroulement d’événements ou de parcours de vie, en prenant en compte le contexte politique, économique et social, le plus indépendamment possible de ses opinions ou de sa sensibilité personnelle. La compréhension d’un fait historique abordé hors de son contexte ou des mœurs de son époque peut être biaisée.
Souvent utilisées à des fins politiques ou sociétales, les conclusions des historiens doivent-elles être remises en question ? Parfois… mais pas toujours ! En effet, s’il arrive, comme l’écrit Emmanuel de Waresquiel dans la revue Historia de ce mois-ci (n°870, juin 2019, p. 14), que « les héros d’hier so[ie]nt les traîtres du lendemain », il ne faut pas tomber dans le piège du doute systématique.
L’historien est un scientifique. Il utilise des méthodes critiques d’analyse et fonde ses hypothèses sur des faits. La manière dont les faits sont transmis, que ce soit à un public spécialisé ou non, relève de la responsabilité du chercheur. L’interprétation, quant à elle, relève de l’esprit critique de son lecteur. L’Histoire, malgré ce que d’aucuns pensent, est une science « vivante ». Ce que l’on prenait pour des certitudes hier peut être totalement remis en question par les découverte de demain.
Vidéo > Nota Bene – Est-ce que tout le monde peut faire de l’Histoire ? feat. Manon Bril
Pour aller plus loin
Guide à télécharger – Pratiquer une recherche intègre et responsable
Dates clés :
- 1994 – Création du comité d’éthique du CNRS (COMETS)
- 1999 – Création d’une délégation à l’intégrité scientifique à l’INSERM
- 2005 – Charte européenne du chercheur
- 2010 – Déclaration de Singapour sur l’intégrité scientifique
- 2011 (révision en 2017) – Code de conduite européen sur l’intégrité scientifique
- 2014 – Publication du guide « Pour une recherche intègre et responsable » par le COMETS
- 2015 – Première Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche
- 2016 – Arrêt législatif sur la formation des doctorants
- 2017 – Création de l’Office français d’intégrité scientifique (OFIS)
Ressources complémentaires à consulter sur le site de l’INSERM ici !